Théâtre de Verre
Association Co-Arter
L’association « Co-Arter / Théâtre de verre » a été fondée en 1998 sur mon initiative.
Je m’étais fixé pour but de donner à l’action de squatter un fonctionnement associatif pour surmonter le côté anarchiste et les décisions prises de gré à gré. Il s’agissait ainsi d’obtenir un cadre légal et le soutien de la Mairie de Paris dans l’occupation des friches par les artistes.
Dans ce cheminement, une lettre d’intention et un ensemble de principes de fonctionnement - mutualisation des outils, des espaces, des publics, collectivisation de la création ; nomadisme ; autogestion responsable -, devaient servir de cadre théorique à la praxis des arts pour consolider les relations entre artistes et asseoir une collaboration avec les publics de façon à offrir une meilleure visibilité et reconnaissance à notre co-arter au sein de la Ville de Paris. Nous pouvons être fier.e.s de notre parcours et des réalisations artistiques créées au/par Théâtre de verre dans ses différentes occupations.
Nous gardons en mémoire les fêtes dionysiaques et les dimanches bucoliques qui réunissaient le quartier de l’Aligre autour de l’asado et d’une scène ouverte à l’impasse Barrier dans le 12ème ;
les grandes performances collectives et les concerts festifs de la rue de l’Échiquier dans l’ancien site de la SERNAM ; notre participation à la nuit blanche de 2008 à l’Impasse Bonne Nouvelle avec le soutien de la Mairie du 10ème comme l’installation Munifiscence dans l’enceinte de cette Mairie ; le festival de Théâtre, le bal populaire et les multiples expositions et installations à Marx Dormoy, et finalement à La Place des Fêtes avec la création de multiples festivals comme celui des femmes, des danses et des musiques, des projets de jardins suspendus, notre programmation exceptionnelle lors de la COP21 avec son label parisien, notre participation active à la vie associative du quartier. Sans oublier tous les combats que nous avons mené collectivement pour être relogés de façon digne et respectueuse à chaque fois que nous étions appelés à restituer les friches métamorphosées.
À la fin de l’année 2022, notre association fonctionnait à plein régime et en grande autonomie économique et créative ! Nous recevions des milliers d’artistes, produisions des centaines de représentations comme en témoignent nos rapports d’activités (lien). L’association avait créé neuf emplois et nous attendions comme promis qu’une nouvelle friche nous soit mise à disposition. C’est à ce moment-là, après avoir surmonter la crise sanitaire, que la Mairie de Paris nous a sommé de quitter les lieux en nous affirmant le non renouvellement de son soutien, mettant violemment un terme à notre collaboration depuis 2009.
Mme Hidalgo a préféré privilégier le secteur des Start-up liés à la mode et autres activités élitistes et rentables au détriment des tiers lieux de la culture non institutionnelle consacrés aux arts populaires à Paris, laissant pour compte les 30 000 adhérents de l’association Co-Arter/ Théâtre de verre.
Nous avons cherché des alternatives mais sans succès.
Finalement, cette situation nous replaçait à la case départ, soit à devoir de nouveau squatter des friches par nous-mêmes. Or, après la crise du Covid, personne n’avait envie de s’engager dans un tel processus politique. Je suis resté jusqu’à la fin comme le ferait tout capitaine, et en décembre 2022, seul, j’ai quitté le bateau que j’ai vu sombrer dans l’oubli.
Un jour l’histoire jugera peut-être de la contribution de Co-Arter/Théâtre de Verre à cette mouvance des squats artistiques que j’intégrais en 1976.
Aujourd’hui, la Casa Pasina, centre d’Art et de Sciences contemporains située en Bourgogne dispose des archives liées à cette fabuleuse histoire du Théâtre de verre et expose mes œuvres produites dans les différents lieux occupés.